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samedi 21 février 2015

LA DÉESSE ÉROTIQUE pour la libération des Femmes



Pour ce chevalier qu'elle appelle depuis son adolescence, la femme a reçu un autre pouvoir étonnant: sa sexualité.

Ces chairs académiques, cette aura fluidique, cette chaleur calorique, cette coquetterie, ce regard, ce charme, bref: ce sex-appeal solaire. Le temps des mammouths nous en a laissé témoignage avec l'image des déesses-mères sculptées dans la pierre, l'os ou l'ivoire, statuettes de femmes nues, en pleine maturité, aux caractères sexuels fortement accentués: la Vénus de Lespugue, la Vénus de Willendorf.. signe évident d'un pouvoir naturel.

Or, ce qui frappe aujourd'hui, c'est de voir combien la femme s'enferme en son féminisme de droit, et qu'au lieu d'y libérer sa naturelle puissance, elle se limite dans le système qui la limite, où à long terme elle ne peut que mortifier ses particuliers pouvoirs.

Les ouvrages qu'elle accepte sur sa libération sexuelle, ne sont souvent que des ordinateurs, des compilateurs qui ne désignent que l'objet. Rien n'y peut lui rehausser le coeur. Ce n'est pas le ciel. Comment croire que ces livres abattent les murailles des mentalités, des tabous et des psychoses, dressées par le langage culturel de l'homme: droit coutumier + droit romain + droit bourgeois + droit à la ségrégation + droit du patron + droit à la culture masculine + droit des chapelles, des églises + droit du voisin, plus pour finir, le droit à la libération commune, ce ras le bol!

Et comment les leçons de sexothérapie pourraient-elles lui ouvrir le ciel au féminin, si n'y est pas montré le langage de sa nature?

La nature ne connaît ni l'interdit, ni le licencieux. Elle initie. Elle avance. Elle informe. Ni le laxisme, ni l'abstinence ne seront aussi efficaces. Elle n'a pas créé un problème sexuel. Elle parle pour cette communication par sexualité, le langage prévu tout naturellement pour allumer le feu - fi! Des pruderies et des bondieuseries - et assurer la magnificence de l'espèce. Le reste n'est que maquillage.

C'est pourquoi la nature affirme la «déesse érotique». C'est tout clair. Il n'est à la femme que de se regarder. Eve fut créée d'Adam, dit la tradition. Sous l'observation physiologique (il en est d'autres), on voit qu'il donna à Eve le radical chromosomique féminin, pour son rôle de formatrice de vie. Elle est: XX. Doublement femelle. Lui, le donneur, pour le pouvoir donner cet X, est nécessairement: XY. Pas complètement masculin! Flou.

Dans le même temps, Eve se saisit de l'apparence génitale d'Adam. Ceci lui donne une double activité sexuelle: masculine donc, par ce clitoris; et féminine, vaginale. Une ambivalence* qui explique certains aspects du féminisme.

Ce n'est pas tout! Le plus fort dans l'histoire, c'est qu'Eve possède ses cellules sexuelles dès le ventre de sa mère. Le garçon, lui, attendra sa quatorzième année pour en être muni et devenir mâle. La petite est déjà femme à sa naissance, comme on le voit dans les crèches. Elle a, pour faire image, quatorze années d'avance sur l'homme, quant à son apprentissage érotique.

(La science initiatique considère Adam comme le nombre 1 et Eve comme le nombre 2. Elle y voit la profondeur de la dualité du principe féminin, lié autant aux ténèbres qu'à la lumière (ainsi peut-on le lire sur le Sceau de Salomon): mystère cosmogonique que seuls les Initiés sont capables de nous éclairer' Aussi peut-on comprendre le voile posé traditionnellement sur la femme.)

Cet état des choses fait que l'homme - j'en suis - ressent un trouble profond par le regard d'une femme. Peut-être ne trouve-t-il pas assez de virilité pour répondre à tant de féminité. Ou, sur un autre plan, pas assez de féminité pour répondre à tant de masculinité. Il ressent étrangement le pouvoir de la sexualité globale de la femme alors que la sienne n'est que focale. Car cette sexualité de la formatrice de vie, nécessairement globale pour former le vivant, ne peut se réduire au coït et à l'orgasme, qui sont l'activité frustre de la sexualité de l'homme, nécessairement focale pour faire jaillir d'un point le germe de la vie. L'une ne peut se vivre comme l'autre.** [L'incompréhension de la globalité sexuelle féminine, et la difficulté qu'éprouve alors la femme à passer du stade clitoridien (superficiel), au stade vaginal (profond), sont des facteurs de frigidité.]

La nature affirme aussi la «magna mater» et la laisse libre du choix de sa maternité. Voyez. La Gallipyge (Grèce) a de belles fesses (c'est l'étymologie). On peut la voir dans les dictionnaires et les parcs de châteaux. Le bassin en amphore sensiblement plus large que les épaules, elle veut porter de beaux enfants. C'est elle, la «mère poule». Elle est pour la vie vivante, familiale, nombreuse. Les grandes tablées et un homme solide.

La Vénus (Rome) se rencontre dans de nombreux sanctuaires. Elle semble faite pour les concours de beauté. C'est la miss quelque chose. Le bassin et les épaules dans la même courbe et la taille fine. Il lui faut de l'amour, du plaisir, un homme (un enfant peut-être pour assurer ce couple). C'est la plus répandu dans les rues. Elle est pour la chaleur.

La Diane (Rome) est la divinité chasseresse. Pour tirer à l'arc, elle a des épaules solides et larges, des bras musclés, des petits reins serrés et des cuisses dures. Elle est faite pour mener les hommes ou les imiter. Elle veut bien de l'amour mais pas dans l'abandon. Sa vie peut se passer d'enfants car elle a ceux des autres, et ce n'est pas plus mal.

Elle donne dans le social. Elle est pour la lumière. En réalité, dans la rue, on passe sans solution de continuité d'un type morphologique à l'autre, comme dans le Sceau de Salomon on passe progressivement d'un triangle à l'autre (le triangle descendant représente le masculin, la ceinture scapulaire, la ligne des épaules; le triangle remontant représente le féminin, la ceinture pelvienne, la ligne du bassin). Il est significatif que la morphologie soit marquée par le destin biologique sexuel. Plus nette chez la femme, parce qu'elle a une morphologie de matrice, comme un vase, comme l'ovule. L'homme, lui, a une morphologie de donneur (viscéro-somato-cérébro) qui correspond davantage à des lignes énergétiques, comme les spermatozoïdes.

Dans cette observation, nue devant son miroir, la femme peut se dégager du langage de l'homme, et retrouver celui de la nature, où tout est la représentation du vivant, des atomes aux étoiles, où son ovule est la représentation de tout le féminin cosmique, des galaxies aux pétales. Fabuleuse réalité analogique, impressionnante virginité, où pour être femme à part entière, la formatrice de vie se doit de se sentir représentante sur le chemin de sa voie royale: ovulation, conception, fécondation, gestation... naissance! Cette filiation commence dès l'instant qui préside au choix de la vie, par cet époustouflant cycle ovarien, qui module en elle les voies endocriniennes, les sécrétions des glaires cervicales, l'aspect du col de l'utérus, dans un corps qu'il lui faut reconnaître. Et, ces menstruations vénusiennes, purifiantes, qui la délivrent des lourdeurs, et des marées psychiques si elle le veut.

Ce corps : ni le mépriser, ni le nier, ni l'éviter. Le regarder. L'aimer, sachant qu'aucune nous ne peut se dégager de sa structure sexuelle, ni de sa répercussion sur le psychisme.

Ainsi, même si la femme n'est plus considérée comme Vénus parce que l'ambiance n'est plus au sacré, même marquée des contraintes qu'elle a subies, des fantasmes, des frustrations, des questions qui ceinturent son destin biologique sexuel, pour se délivrer d'elle-même, il lui reste l'essentiel: cette représentation du féminin cosmique. Elle est la «déesse érotique» et la «magna mater», à part entière.

C'est le droit de la nature. Et pour exprimer ce droit qui rassemble son fondamental besoin biologique de l'homme, et l'infini besoin de son image solaire, la formatrice de vie a reçu un autre pouvoir, étonnant.

* LA DÉESSE ÉROTIQUE Eros, dieu grec de l'amour-, Platon distinguait: l'Eros supérieur de l'amour divin, et l'Eros inférieur de l'amour humain.


Extrait de LE POUVOIR FORMATEUR DE LA FEMME

Par Pierre C. Renard 1996

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